Bien qu’elle connaisse une grande popularité depuis peu, la diète cétogène n’est pas nouvelle; elle a été largement étudiée dès 1920 dans le but de réduire les crises d’épilepsie chez les enfants atteints.
Qu’est-ce que c’est?
La diète cétogène a pour but de renverser le fonctionnement « normal » du corps de produire de l’énergie à partir des glucides. Lorsque l’alimentation est trop faible en glucides (moins de 50 g par jour), le corps n’a pas le choix d’utiliser les gras comme source d’énergie et produit alors des corps cétoniques. Après quelques jours de régime riche en gras (70% de l’énergie totale), en protéines (25%) et faible en glucides (5%), la cétose s’installe. Pour vous donner une idée de ce que représente 50 g de glucides, sachez qu’une grosse pomme en contient 25 g et que une tasse de spaghetti cuit en contient 45 g.
Aliments exclus de la diète cétogène: la majorité des fruits, plusieurs légumes, tous les produits céréaliers, les légumineuses, les produits laitiers, les desserts et autres sources de sucre concentré.
Pourquoi les gens suivent cette diète?
Certaines études démontrent une amélioration du contrôle du diabète de type 2, une diminution de la pression artérielle, une réduction de l’appétit et (comme avec tout régime) une perte de poids. Notez toutefois que nous n’avons pas suffisamment d’études à long terme pour déclarer que ces bénéfices sont maintenus à travers le temps et que la diète est sans danger. Il est également difficile de déterminer si les bénéfices répertoriés sont associés à la diète même ou à la perte de poids engendrée.
Dans plusieurs études sur la diète cétogène, le taux de rétention (nombre de personnes ayant complété l’étude) des participants était beaucoup plus faible que dans les études avec des diètes plus « classiques ». Ce n’est pas une surprise; il est extrêmement difficile de suivre ce régime drastique sur une longue période!
Qu’en est-il de la perte de poids? Au départ, la diète cétogène apporte une perte de poids plus rapide car le corps vide ses réserves de glucides. Or, nous avons besoin d’eau pour stocker les molécules de glucose dans l’organisme. La perte plus rapide serait donc attribuée à la plus grande perte d’eau. Au bout de deux ans, on peut voir que la perte de poids engendrée est à peine de 1 kg supplémentaire comparé aux diètes plus « classiques ».
Quels sont les risques?
Les premiers jours de cétose s’accompagnent de symptômes très intenses: nausées, maux de tête, fatigue chronique, constipation ou diarrhée, difficulté de concentration, faiblesse généralisée…
À long terme, certaines études montrent une augmentation du taux de mauvais cholestérol sanguin. La diète cétogène augmente également les risques de carence en vitamines du groupe B, vitamine C, antioxydants et fibres alimentaires. Le manque en ces micronutriments peut compromettre la santé du microbiote (flore intestinale), ce qui augmente les risques de souffrir de plusieurs maladies chroniques à long terme.
Aux risques médicaux s’ajoutent ceux qui accompagnent tout régime drastique: perte de poids trop rapide, « yo-yo », rages alimentaires, développement d’une mauvaise relation à la nourriture ou même d’un trouble alimentaire, isolement social, etc. Une personne désirant suivre ce régime sans l’appui de professionnels tels qu’un médecin et une nutritionniste s’expose à davantage de risques.
Outre les risques potentiels sur la santé, il faut considérer l’impact environnemental d’une diète très riche en beurre, crème, viande, volaille, poisson, huiles et noix importées, etc. Alors qu’une alimentation végétarienne / végétalienne est considérée comme la plus éco-responsable, la diète cétogène est plutôt à l’opposé.
Vous songez à l’essayer?
Posez-vous les questions suivantes:
- Avez-vous déjà suivi des régimes et joué au yo-yo avec votre poids?
- Ressentez-vous souvent de la culpabilité après avoir mangé?
- Avez-vous des préoccupations envers votre poids et/ou les aliments?
- Souffrez-vous d’une maladie chronique (diabète, maladie du coeur…)?
Si vous avez répondu oui à plus d’une question, il vaudrait peut-être mieux éviter d’entrer dans un régime strict et de songer à une autre façon d’atteindre vos objectifs.
Bref, cette diète est actuellement utilisée en milieu hospitalier avec les enfants souffrant d’épilepsie, lesquels sont étroitement suivis par une équipe multidisciplinaire. Si vous songez à adopter cette alimentation pour en retirer des bénéfices, demandez l’avis de votre médecin et n’hésitez pas à consulter une nutritionniste pour limiter les effets secondaires qui l’accompagne (carences, constipation, rages…).
Elisabelle Hardy, Dt.P Nutritionniste