Le pèse-personne… un bon outil ou non?

Utiliser le pèse-personne pour mesurer ses « progrès » peut entraîner des conséquences néfastes sur votre santé physique et psychologique. Voici pourquoi:

Se peser souvent est associé à des émotions négatives, influence le reste de notre journée et entretient l’idée que notre poids nous définit, que notre corps est quelque chose qu’on doit contrôler. Lâcher prise et se répéter que notre valeur n’a rien à voir avec le chiffre sur la balance peut faire un grand bien et est une étape cruciale envers une meilleure image corporelle.

Le chiffre peut varier beaucoup selon…

  • La composition corporelle
  • Le moment de la journée
  • Les vêtements portés
  • Le cycle menstruel
  • Un entraînement très intense quelques jours avant*
  • Certains médicaments ou hormones de remplacement*
  • Les aliments mangés la veille*
  • Le niveau d’hydratation du corps
  • La régularité intestinale (ou l’absence de)
  • Le niveau de stress ou le manque de sommeil*

* Plusieurs facteurs augmentent la rétention d’eau et créent un faux gain de poids, notamment:
– Les muscles retiennent de l’eau pendant leur processus de réparation
– Manger un repas très salé ou très riche en glucides la veille
– Des taux de cortisol plus élevés suite à un stress ou manque de sommeil
– Certains médicaments

Un mot sur la composition corporelle

Partir d’un mode de vie sédentaire et une alimentation moins équilibrée pour tranquillement migrer vers un mode de vie sain engendre une panoplie de changements morphologiques… qui ne sont pas toujours accompagnés d’une perte de poids! Pourquoi? Parce que les muscles pèsent plus lourds que le gras!

Être physiquement actif plusieurs fois par semaine et se nourrir surtout d’aliments nutritifs entraîne des changements plus subtils comme la transformation de masse graisseuse en masse musculaire, une diminution du tour de taille ainsi qu’un raffermissement de la silhouette et de la peau. De façon générale, une personne physiquement active a plus de masse musculaire qu’une personne sédentaire. Le métabolisme de base* étant directement relié à la composition corporelle, il est gagnant à long terme d’adopter un mode de vie actif même si, à court terme, la balance nous montre peu de changement.

*l’énergie que notre corps dépense au repos dans une journée

Se peser va à l’encontre de l’alimentation intuitive

Vous avez mangé davantage ce week-end? Portez bien attention à vos signaux de faim et de satiété les jours suivants, vous verrez que vous aurez moins faim. Lorsqu’on étudie de façon plus précise l’alimentation des mangeurs intuitifs, on voit que les apports quotidiens ne sont pas équivalents mais tendent à s’équilibrer au bout d’une semaine. Notre corps est un guide hors pair lorsqu’on se donne la peine de vraiment l’écouter!

Le chiffre sur la balance peut influencer notre humeur mais également nos décisions, comme dans l’exemple qui suit:

Ma balance m’indique +1 lb ce matin, je fais un faux lien en me disant que c’est mon chocolat d’hier qui est le coupable. Je prends note de ne pas en racheter. Ce midi je ne choisirai pas ce dont j’ai réellement envie au restaurant… je prendrai la salade même si elle a l’air moche! Un repas dénué de plaisir gustatif est une forme de privation et j’ai donc encore plus envie de manger un aliment plaisir plus tard (croustilles, chocolat, etc.). Cet aliment « plaisir » ne m’en apporte pas finalement puisque je me sens coupable en pensant au chiffre de ce matin. La culpabilité fait en sorte que je mange rapidement mon bol de croustilles sans vraiment les goûter, alors j’en reprends! 

Si je ne m’étais pas pesée, je n’aurais pas faussement accusé mon chocolat. En me disant « je n’en rachèterai pas » je suis entrain de créer une restriction et la prochaine fois que je mange du chocolat, je risque d’en manger trop (phénomène normal suivant une restriction). Si je ne m’étais pas pesée, j’aurais choisi le repas dont j’avais envie au restaurant, je l’aurais dégusté sans culpabilité et avec beaucoup de plaisir. En mangeant lentement j’aurais pu écouter ma satiété et il m’en serait resté pour mon lunch du lendemain! Puisque j’ai eu du plaisir lors de ce repas, l’idée de prendre un aliment plaisir ne me vient pas ce jour-là alors je n’en prends pas. 

Comment mesurer mes succès autrement?

  • Mon niveau d’énergie
  • Le respect de mon corps
    (écouter ma faim et ma satiété, me coucher si je suis fatiguée au lieu de grignoter, etc.)
  • La façon dont je me sens dans mes vêtements
  • Le plaisir que j’ai retrouvé à manger
  • La planification de mes repas et collations
  • Le nombre de repas au restaurant par semaine/mois
  • Le nombre d’achats alimentaires impulsifs (dépanneur, cafétéria, distributrice…)
  • Le nombre de crises hyperphagiques par semaine/mois
  • La nature des pensées qui m’habitent
  • La diminution de l’anxiété ressentie
  • L’amélioration de mes performances lors d’activités physiques
  • Mon aisance à pratiquer mes activités quotidiennes (escalier, me pencher, etc.)
  • La qualité de mon sommeil
  • Mon image corporelle

Si vous êtes dans un processus de perte de poids, sachez que l’on perd dans l’ensemble du corps et non d’une région en particulier. Voilà pourquoi il est inutile de faire des exercices ciblés (ex: faire des abdominaux même si je déteste cela simplement pour perdre du ventre) ou d’espérer voir fondre une partie de notre corps en particulier.

Elisabelle Hardy, Dt.P Nutritionniste